“La finance aime-t-elle les femmes ?”

Par Patricia Cressot

Présidente et co-fondatrice de MWF INSTITUTE*

Wealth Planner Rosemont International 

Les femmes représentent un marché en forte progression pour les banques. A l’échelle mondiale, une entreprise sur trois est détenue par une femme. A Monaco selon les dernières statistiques de l’IMSEE, 54% de la population monégasque sont des femmes et 40% des salariés sont du sexe féminin. Nouvelle cible, les stratégies marketing se développent pour comprendre ces investisseuses et offrir des services adéquats…! En tant que cliente, sont-elles traitées de manière équivalente à un homme au sein d’un établissement bancaire? Et à la question que veulent les femmes, les réponses sont simples et en même temps nécessitent une réaction de la société dans son ensemble, c’est-à-dire la mise en place de stratégies suggestives voir à terme… coercitives. 

Le nerf de la guerre, c’est ? avant tout du financement et les garanties bancaires. Selon l’ADIE, association française dans le domaine du microcrédit, près de la moitié des dirigeantes (44%) estiment que les échecs de création d’entreprise s’expliquent par le manque de financement. A titre d’exemple, les banques refusent deux fois plus souvent un crédit à une femme qu’à un homme entrepreneur.

Dans la Fintech, les chiffres sont encore moins avantageux pour les femmes. Selon le baromètre SISTA BCG 2021, 85% des startups financés étaient des équipes masculines et représentent 90% des fonds levés en 2020. Les chiffres à MonacoTech, l’incubateur monégasque, la grande majorité des startups sont fondés par des hommes. 

Quel serait l’intérêt à l’échelle nationale de financer plus de femmes ? Les femmes entrepreneurs pourtant représentent un pilier de l’économie. Selon une étude de Global Entrepreneurship Monitor, une femme sur quatre lance ou gère une entreprise et réinvestissent 90% de leurs revenus dans l’éducation, la santé et l’alimentation de leur famille et de leur communauté, contre 40% des hommes.

Autre bémol féminin, la gestion du portefeuille au féminin. Vous avez de l’épargne? Vous êtes une femme ? Le sujet de l’investissement est un point faible. L’intérêt féminin pour la gestion d’actifs financiers est orienté sur les espèces, l’immobilier, les actifs sans risque et un intérêt particulier pour actifs ESG, incluant les critères développement durable, l’inclusion et la bonne gouvernance. La vision long terme influe donc sur la phobie du risque, alors que les hommes investissent dans les actifs risqués et diversifiés. L’origine de cette prédominance est le manque de connaissance, d’accompagnement, ce point mériterait plus de pédagogie de la part des institutions bancaires, elles-mêmes dirigées par des femmes à hauteur de 6%, et dont les femmes comptent pour 17% des effectifs.

Pour reprendre les termes de Melinda Gates, l’ancien système financier avait été construit pour exclure, le monde a aujourd’hui une chance à saisir.

*MWF Institute est un Think Tank économique monégasque créé en 2021